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Avant sa venue au Petit faucheux, nous avons posé quelques questions à la contrebassiste Hélène Labarrière, qui présente son projet "Puzzle" en hommage à cinq grandes figures du féminisme.
Tout d'abord, j'ai eu cette chance extraordinaire. Cécile Even m’a demandé d’être artiste associée de Plages Magnétiques à Brest, en 2021. Elle m’a aussi permis de travailler sur une création, ce qui est rare dans ma vie de musicienne. J’ai voulu faire quelque chose de différent pour profiter de cette opportunité. Ayant plus de printemps derrière que devant moi, c’était aussi le moment de faire un bilan. J’ai voulu continuer à collaborer avec mes compagnons de toujours : François Corneloup, Marc Ducret, Sylvain Kassap, Jacky Molard et Dominique Pifarely, tous grands musiciens et compositeurs hors pair. Mes compositions ont toujours été de petites structures, des prétextes à improvisations, et je voulais créer une pièce structurée que mes cinq compagnons pourraient transformer en quelque chose de plus grand.
Pour jouer ces pièces et se les réapproprier, j’ai voulu travailler avec des musiciennes avec qui j’avais peu joué, sauf mon ami le batteur Simon Goubert. Stéphane Bartelt à la guitare, Catherine Delaunay à la clarinette, et Robin Fincker au saxophone complètent l’ensemble. (Notez que pour ces quelques lignes, j’ai décidé pour aujourd’hui que le féminin l’emporte, mais cela pourrait changer demain.)
Nous sommes donc cinq sur scène, et notre Puzzle prend forme.
Le choix d’ajouter ces cinq personnages féminins est un pied de nez à l’actualité et à l’injonction de parité, qui, à mon sens, se réalise souvent hors sol, dans la contrainte et la répression, plutôt que dans la liberté de créer. Toute ma vie, on m’a dit que je n’étais pas une musicienne mais d’abord une femme, et que je ne devais pas être comparée à mes pairs, mais à d’autres femmes. C’est un sexisme évident. J’ai voulu relier ces cinq compositions à cinq femmes engagées et combattantes, qui ont lutté pour la liberté de tous, hommes et femmes. Comment s’émanciper dans un monde qui oppresse tant, où un noir vaut moins qu’un blanc, où il n’y a pas d’égalité sociale, où un ouvrier gagne 1000 fois moins qu’un patron ?
Jane Avril, Thérèse Clerc, Angela Davis, Emma Goldman et Louise Michel, figures emblématiques du féminisme, ont toutes lutté pour la liberté. Leur engagement est incontestable. Elles ont vécu l’incarcération, l’exil, l’internement dès l’enfance, ont été accusées, menacées, et deux ont été victimes de tentatives d’assassinat. Malgré les épreuves, leur détermination et leur joie de vivre sont restées intactes. Elles nous montrent qu’il n’y a pas de liberté sans rires, musique et poésie.